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La motivation au travail

Temps de lecture : 6 minutes

Pourquoi certains employés travaillent autant et font tout pour le succès de l’entreprise, alors que d’autres font uniquement le minimum pour ne pas perdre leur emploi?

1. Les forces intérieures invisibles

En fait, la motivation d’un employé a très peu à voir avec son amour ou son dédain envers l’entreprise, envers son poste, son salaire, ou toutes les autres conditions externes. En revanche, ça a tout à voir avec les forces à l’intérieur de soi qui nous motivent (ou nous démotivent) à faire quelque chose, que ce soit le travail, bien manger, faire de l’exercice, prendre soin de soi, ou n’importe quoi d’autre.

 

Par exemple, j’ai un ami qui devient toujours le meilleur employé et le plus apprécié de ses patrons, peu importe la compagnie pour laquelle il travaille. Pourquoi? C’est parce qu’à l’intérieur de lui, il y a une «règle invisible» qui l’oblige à tout mettre en œuvre pour être le meilleur employé. Cette règle existe en lui, peu importe s’il change d’entreprise ou si de nouveaux employés arrivent ou quittent. Il respecte constamment et aveuglément cette règle inconsciente qui dicte qu’il doit être le meilleur employé.

Alors, qu’est-ce qu’on fait pour instiller cette même règle à l’intérieur de tous pour les motiver à travailler et à vouloir, eux aussi, devenir le meilleur employé? Malheureusement, il n’y a pas de recette miracle. Il faut connaître ses employés, s’intéresser à chacun, individuellement, et prendre le temps de découvrir ce qui motive chacun d’entre eux. Bien sûr, il existe de grands besoins universels : tout le monde souhaite être aimé, apprécié pour son travail, et reconnu pour ce qu’il fait. Mais, au final, ce qui motive chaque personne est unique. C’est donc aux gestionnaires d’apprendre à connaître leurs employés et de savoir quoi faire pour les garder motivés et heureux au travail.

 

Lorsque j’ai travaillé chez IBM, j’ai été très impressionné par mon gestionnaire qui prenait 30 à 60 minutes à TOUS LES JOURS pour faire le tour de l’équipe et demander à chacun comment il allait et s’il avait besoin d’aide pour quelque chose. Il était constamment en contact avec ses employés et savait donc très précisément comment chacun allait, en connaissant ses forces, ses faiblesses et ses humeurs. De plus, il se positionnait dans celui qui donne, plutôt que celui qui demande, en offrant son aide. Tous les employés avaient donc naturellement envie de l’aider et de contribuer en retour. Selon moi, c’est l’outil le plus puissant pour motiver les gens à travailler : véritablement s’intéresser à ses employés en leur donnant notre attention, notre aide et notre amour.

 

La preuve : pourquoi est-ce qu’on «travaille» gratuitement pour un ami et qu’on l’aide lorsqu’il a besoin? C’est parce qu’il existe une relation émotionnelle en-dessous du besoin d’aide. On a ENVIE d’aider nos amis, par choix, en toute liberté, parce qu’on a ENVIE d’entretenir cette relation et qu’on ressent qu’elle est réciproque. Pourquoi ne pas reproduire ce phénomène dans le monde du travail et donner ENVIE aux employés de travailler plutôt que de les «obliger» à faire quelque chose en échange d’un salaire?

2. Travailler par choix

C’est ce qui m’amène au point suivant dans la motivation intrinsèque : c’est d’avoir la possibilité de faire les choses par CHOIX. Si je sens que je suis obligé de faire quelque chose, autant en amitié qu’au travail, mon envie de le faire va énormément diminuer. Le problème, avec le travail, c’est que beaucoup de gens se sentent OBLIGÉS de travailler. Ce que j’adore dire aux gens qui viennent me voir et se sentent prisonniers de leur travail, c’est qu’ils ne sont pas du tout obligés de travailler. Les gens restent surpris et me disent que, bien sûr, ils sont obligés de travailler, comme tout le monde d’ailleurs! Alors je leur fais remarquer que certaines personnes ne travaillent pas. Bien sûr, il y a d’importantes conséquences à ça, et ça va même jusqu’à se retrouver dans la rue! Mais c’est tout de même possible de choisir de ne pas travailler.

En prenant conscience que travailler est un choix pour obtenir ce qu’on veut et pour ne pas vivre les lourdes conséquences qui viennent avec la décision de ne pas travailler, déjà, on se libère et on commence à travailler avec plus de plaisir. Ce simple changement d’état d’esprit peut sembler anodin, alors qu’il est pourtant fondamental dans l’augmentation du plaisir qu’on retrouve à faire son travail, ce qui va en retour directement améliorer notre niveau de productivité.

3. Le conditionnement et l’auto-hypnose

L’aspect suivant qui affecte notre degré de motivation à travailler est le conditionnement de soi-même. J’ai étudié l’hypnose et je suis même devenu praticien de cette discipline, mais j’ai réalisé que l’hypnose la plus importante n’est pas celle des séances avec mes clients. La plus importante, c’est celle qu’on se fait à soi même, au quotidien, à chaque instant. C’est la voix intérieure qui nous parle constamment et qui nous répète «Je ne suis pas à la hauteur» ou «Je déteste mon travail» ou encore «Je dois tout faire pour obtenir cette promotion». L’hypnose qu’on se fait inconsciemment à soi-même nous influence infiniment plus que celle qui provient de l’extérieur.

4. L’identité qui nous fait travailler

Ultimement, on en vient à croire cette répétition constante de nos paroles intérieures, qui deviennent nos croyances et notre identité. Si je développe une identité où je dois être le meilleur employé alors, sans même y penser et sans effort conscient, je vais poser toutes les actions nécessaires pour le devenir. Et c’est vrai pour tout le reste. Si je déteste l’autorité, alors je vais avoir de la difficulté à me faire dire quoi faire au travail, autant que dans le reste de ma vie. Si je me suis fait répéter dans mon enfance que j’étais lâche, je vais venir à le croire et, sans remettre cette croyance en question, je vais le manifester dans mes actions pour que ça soit vrai. C’est là qu’on rentre dans le cercle vicieux de la croyance qui engendre le comportement, et le comportement qui confirme et renforce la croyance.

Alors, comment est-ce qu’on change tout ça? Comment on transforme notre identité pour devenir motivé et, surtout, comment on transforme l’identité des autres pour leur donner envie de travailler? C’est un travail qui demande beaucoup d’amour envers les autres, du temps, et de la persévérance. C’est un travail qui demande de s’examiner soi-même et de devenir un modèle pour les autres. J’ai pris conscience, avec le temps, de l’énorme influence des gestionnaires sur leurs employés, pas tant par leurs paroles, mais surtout par leurs actions, leur énergie et leur exemple. J’adore accompagner les gestionnaires pour les aider à prendre conscience d’eux-mêmes et à ainsi améliorer leur influence sur les autres.

Pour effectuer un changement important, il est primordial de prendre conscience de cette identité secrète qui dirige nos actions. En prenant le temps de se regarder soi-même, avec un regard authentique, et en demandant du feedback de personnes neutres et sans jugement, on peut s’examiner soi-même et apprendre à connaître nos forces et nos faiblesses. À partir de là, on peut déceler les pensées qui limitent notre bonheur et nous empêchent de pleinement nous épanouir. Avec le temps, petit à petit, on peut progressivement améliorer notre dialogue intérieur et, conséquemment, notre vie.

Lorsque j’ai rencontré une vice-présidente de la Banque Nationale, et que je lui ai demandé sa plus grande passion, elle m’a dit que c’était de sentir qu’elle était aux commandes d’un navire de 5000 employés qui va progressivement tourner vers la direction qu’elle a choisie. Encore plus important que ses paroles, je sentais l’énergie qui se déployait autour d’elle pendant qu’elle parlait et qui me transportait moi aussi. 

 

C’est comme si je devenais plus léger et que j’avais envie de la suivre dans ce qu’elle disait. Plus important que ce monde matériel qu’on peut voir et entendre, c’est le monde immatériel qui sous-tend tout et qui donne la première impulsion du mouvement. Plus on prend conscience de ce monde invisible, plus ça devient facile d’inspirer les autres à travailler dans la direction qu’on souhaite.

Apprendre à diriger ces forces est quelque chose qui s’apprend et que j’adore enseigner. Ça me rappelle cette citation de Freud qui souhaitait que les gens : «aiment mieux et travaillent mieux.» C’est également quelque chose qui m’inspire et me passionne. Avant de devenir «Expert en bonheur», j’ai été expert en malheur. Je souhaite donc de tout cœur d’amener un maximum de gens à profiter de cette merveilleuse aventure qu’est la vie.